Vous travaillez dur. Chaque jour, vous vous plongez dans votre job, tête baissée, réprimant vos envies de plaisir et attendez patiemment le jour où tout ce que vous faites sera enfin payant. Le jour où vous atteindrez enfin cet état insaisissable de bonheur ultime.

Peut-être ce jour ne viendra-t-il jamais. Peut-être que les attentes que vous avez mises en place et les jalons que vous avez définis comme étant des succès ne seront jamais atteints. Ou bien, peut-être que, lorsque vous aurez atteint votre objectif, vous aurez un rush de dopamine (la fameuse hormone du plaisir) qui sera très éphémère et vous vous retrouverez désespérément à la recherche de votre prochain succès.

L’adaptation hédonique : petit cours (important) de théorie

bonheur au travail

La tendance qu’ont les humains à s’adapter rapidement aux événements et aux changements positifs ou négatifs au cours de leur vie et à revenir au niveau de leur bonheur de base s’appelle l’adaptation hédonique. Le saviez-vous ?

Lorsqu’une personne réussit, qu’elle marque des succès, ses attentes et ses désirs augmentent en même temps, à tel point qu’elle n’est jamais réellement satisfaite. Il n’y a donc pas de gain permanent en matière de bonheur.

En réalité, lorsque vous faites face à un événement important dans votre vie, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, l’adaptation hédonique résulte en des changements cognitifs. Ces changements peuvent se trouver dans les valeurs d’une personne, dans ses objectifs, son attention ou encore dans la manière dont elle interprète une situation.

Prenons un exemple parlant : vous venez d’atteindre votre rêve de toujours : votre entreprise a atteint un chiffre d’affaires d’un million d’euros. L’entreprise que vous avez créée de toutes pièces, à l’aide d’efforts, de frustrations et de nuits blanches en tous genres. Au final, avec ce million en poche (pour ainsi dire), vous vous dites que ce n’est pas grand-chose. Résultat des courses : peu importe le plaisir ou la déception par rapport à une situation, vous revenez à un point de repère du bonheur. Un seuil que vous, comme tout un chacun, maintenez à un niveau constant tout au long de votre vie, en dépit des événements qui se produisent dans votre environnement.

Le point de repère du bonheur est principalement déterminé par l’environnement duquel vous êtes issu(e), par des caractères héréditaires et par des traits de personnalité ancrés en vous très tôt dans la vie. Le niveau de bonheur peut changer momentanément en réponse aux événements de la vie, mais il revient presque toujours à son niveau de base au fur et à mesure que nous nous habituons à ces événements et à leurs conséquences au fil du temps.

Maintenant, vous comprenez pourquoi, même avec un salaire de 80 000 € par an pour un job à mi-temps, vous ne serez jamais satisfait(e) tant que votre voisin en gagnera 250 000, peu importe ce qu’il fait. Vous comprenez également pourquoi ceux qui mangent à la maison sont aussi heureux que ceux qui mangent dans des restaurants étoilés…

Si vous avez suivi la lecture jusqu’ici, vous comprenez maintenant pourquoi il est possible de se sentir très enthousiaste quant à quitter une entreprise pour trouver un nouveau travail mais que, au fil du temps, vous n’êtes pas protégé(e) contre l’ennui et la dépression.

Faut-il abandonner ?

La quête du bonheur, même pour les grands philosophes, peut se traduire en une poursuite futile et insensée. D’ailleurs, si les succès et les réalisations qui vous apportent de l’argent, la gloire et l’amour ne vous rendent pas plus heureux à long terme, y a-t-il un sens à courir après ?

Ne serait-il pas plus facile de se constituer des objectifs plus faibles ? De diminuer notre niveau d’espoir ? D’enterrer, une fois pour toutes, nos propres rêves et nos désirs les plus fous ? De nous permettre d’échouer ? Autant de questions que vous êtes en droit de vous poser !

Néanmoins, en établissant des attentes et des objectifs plus réalistes et en acquérant une perception objective de vos réalités, l’adaptation hédonique peut vous être très utile.

Comment augmenter votre seuil de bonheur ?

Si le bonheur est la différence entre vos objectifs et la réalité, vous avez deux options : diminuer vos objectifs ou améliorer votre réalité.

Réduire vos objectifs et améliorer votre réalité ne sont pas des solutions proposées « clés en main ». Revoir ses attentes à la baisse peut être un processus démoralisant… mais tout espoir n’est pas perdu ! En réalité, il existe six stratégies d’établir des attentes réalistes en fonction de vos capacités réelles.

  1. Prenez conscience de vous-même afin de mesurer vos propres capacités. Les diplômes d’études secondaires sont bien souvent insuffisants pour mesurer les futurs succès ou le bonheur. Le quotient intellectuel, quant à lui, est souvent corrélé avec la réussite professionnelle. Néanmoins, il n’est pas le seul indicateur qui vous permet de juger de vos capacités. En faisant un effort et en prenant conscience de vous-même, vous parviendrez à adapter vos attentes aux réalités et donc à adapter votre seuil de bonheur.
  2. Acceptez la réalité.
    Inutile d’avoir une opinion sur tout, surtout si cette opinion est négative. D’ailleurs, ce qui importe le plus est la réalité et non votre propre opinion. N’essayez pas de nier la réalité, dites-vous simplement que beaucoup de choses échappent à votre contrôle.
  3. Poursuivez des buts précis
    Chaque objectif doit pouvoir être mesuré en un résultat tangible. Si, par exemple, pour vous, cet objectif équivaut à gagner plusieurs milliers d’euros par mois pour un travail que vous aimez, qu’il en soit ainsi. Rappelez-vous également que les objectifs intermédiaires permettent souvent d’atteindre un objectif final bien plus important.
  4. Célébrez toutes les victoires, même les plus petites
    Le fait de célébrer des succès, peu importe leur auteur, renforce votre attention sur le positif. Le fait d’avoir pu gérer des tâches complexes en un minimum de temps, par exemple, d’avoir soumis un rapport sans faute à votre chef ou encore d’avoir préparé une réunion dans les moindres détails… autant de petits succès à célébrer, puisque les choses se sont très bien passées. Lorsqu’il s’agit de succès plus importants, comme par exemple le fait de remporter un nouveau contrat ou d’avoir été sélectionné au terme d’un entretien d’embauche doit, bien évidemment, être célébré également !
  5. Exprimez de la gratitude
    Il ne s’agit pas de dire merci à tout le monde est tout le temps ! Il s’agit d’exprimer de la gratitude pour montrer votre appréciation par rapport à ce que vous avez déjà. Chaque matin, au saut du lit, dites merci à la vie !
  6. Montrez votre confiance en vous
    Il y a des gens qui disent que, pour tout problème, il y a une solution. Votre confiance en vous-même se traduit dans la phrase suivante : « je trouverai une solution ». Le fait de savoir que vous êtes capable de penser à une solution vous amènera automatiquement à vous diriger vers les moyens à mettre en œuvre pour y arriver.

Les six stratégies ci-dessus présentent de nombreux avantages. D’abord, elles vous permettent de comprendre ce que vous pouvez atteindre de manière réaliste. Elles vous permettent également de ne pas avoir peur de résultats potentiellement négatifs et vous donnent les moyens d’agir. Au niveau du bonheur, la barre est placée juste au bon niveau ; ni trop haut, ni trop bas. Ces stratégies vous permettent de prendre de meilleures décisions, de développer votre sens pratique et de trouver enfin, le bonheur que vous recherchez.

Pour trouver le bonheur, au travail comme dans la vie privée, ce dont vous avez besoin avant tout, et de vous connaître vous-même, de maximiser votre perception de la réalité, et d’agir sans attendre une quelconque validation pour chacun de vos gestes… Pensez-y !